Renouveler les rapports démocratie / pouvoir.

 

 

Que les gilets jaunes se déchirent sur la question d’un porte-parole n’a rien d’étonnant.

Le niveau d’élévation des forces productives que traduit la révolution numérique amène à repenser une notion du pouvoir fondée sur la transversalité. Jusqu’ici la forme verticale et le pouvoir hiérarchique prédominent dans la société y compris dans les organisations syndicales et politiques issues du mouvement ouvrier et populaire.

Déjà il y a une dizaine d’années la délégation de la Confédération des Jeunes Chercheurs que nous rencontrions avec l’Ugict-Cgt était modifiée à chaque fois avec une seule personne chargée d’opérer le suivi d’une réunion à l’autre. L’objectif était de garder le fonctionnement collectif et la dynamique de mouvement sans s’encroûter et faire porter les enjeux sur une seule personne.

En 2016 au moment de la mobilisation contre la loi travail initiée par la pétition numérique rassemblant 1,3 millions de signataires, la diffusion des vidéos de « On vaut mieux que ça ! » par de jeunes Youtubeurs firent tâche d’huile. Ce qu’on connait moins, c’est le débat interne qu’ils eurent pour éviter que l’un ou l’autre ne parle sur les plateaux de télévision afin « de ne pas se faire désigner de leader par les médias à leur corps défendant ».

Au plan politique Macron comme Mélenchon ont traité la prise en compte de l’organisation transversale en la mettant en direct avec un leader chargé de l’incarner. Beau succès éphémère mais bel échec !

Le plus drôle en matière de nouveauté, c’est que cette manière de répondre au problème renvoie à la notion d’incarnation chrétienne de « Dieu fait homme » appliquée à des fins politiciennes. Le moins que l’on puisse dire c’est que ça ne répond pas à la recherche de fonctionnement auto gestionnaire et coopérative qui monte dans la société.

Les différentes formes de culte du chef ou de fonctionnement assis sur le légitimisme montrent   aujourd’hui et montreront chaque jour davantage leurs limites y compris culturelles

La CGT qui porte en France l’essence du monde de travail dans toute sa diversité amène des réponses dans le fonctionnement de certains syndicats où des directions renouvelées par de jeunes générations refusent tout cumul de mandats des élus ou mandatés s’obligeant ainsi à un échange collectif permanent et durable face à l’adversité patronale. Celle-ci adore avoir des leaders avec qui négocier ou à intégrer, alors que ces mêmes promoteurs du néolibéralisme financier se réfugient derrière une loi du marché soi-disant impersonnelle.

Alors oui à des mouvements multiformes, tant sur le terrain que sur le net qui obtiennent de négocier partout, en chaque point et sur chaque question, les transformations progressistes à effectuer.

Une démarche du local au global demande des rapports démocratie / pouvoir renouvelés.

 

Billet 1 – 5 décembre 2018 – Jean-François Bolzinger

Mis en ligne le 20 décembre 2018