Numérique : le capital en force
L’arrestation de Jullian Assange est révélatrice de la volonté des forces du capital d’asseoir une mainmise totale sur Internet et d’en finir avec les possibilités de transparence hors contrôle des agissements de 1 %. Ceux-ci doivent être les seuls décideurs de la marche du monde
La décision de faire un sort aux pionniers de l’Internet libre et non-marchand comme Aaron Schwartz, Édouard Snowden ou Jullian Assange est la partie émergée de l’iceberg de la révolution numérique qui transforme le travail, l’entreprise et les communautés humaines. La puissance des GAFA qui tiennent le devant de la scène masque un cyber contrôle beaucoup plus profond dans l’ensemble de l’économie pour tout ce qui touche à la création de richesses et de la valeur.
Il n’est qu’à regarder ce qui préfigure le nouveau système productif 4.0 où les difficultés liées aux distances, la sous-traitance, la coordination de l’avancement des projets ou de la production, et même le travail collaboratif entre groupes ou entreprises par ailleurs concurrents sont déjà largement sous contrôle. Les logiciels comportementaux touchent concrètement le vécu au travail.
Le désarroi des forces du travail face à une révolution dont elles sont l’auteur doit cesser. On ne peut laisser quelques lanceurs d’alerte jouer les Don Quichotte et les martyrs sous peine non pas de désespérer le Billancourt d’hier mais les générations nouvelles et à venir.
Le fiasco du mouvement syndical et politique d’alternative au capitalisme dans l’approche du numérique est retentissant alors que c’est dans ce combat du sens de la révolution en cours que se jouent les évolutions actuelles de la société.
Le remplacement des hiérarchies par une verticalité en direct des leaders est une impasse. La transversalité, dont se gaussent tous les conservateurs, permise ou amplifiée par la révolution numérique est de nature à produire un saut qualitatif considérable dans les pratiques démocratiques si on s’y attelle.
Seul ce caractère démocratique s’appuyant sur le pouvoir d’agir de chacun peut donner à la révolution numérique qui taraude aujourd’hui en profondeur notre société, son contenu transformateur et progressiste au service du bien commun.
Jean-François BOLZINGER – billet 8 – 17 avril 2019