Gilets jaunes, syndicalisme, politique

 

Manifestement une démarche syndicale bien menée permet de capitaliser l’élévation du rapport de forces global issu du mouvement des gilets jaunes.

La puissante UIMM, organisation patronale de la métallurgie vient ainsi pour la première fois depuis des décennies de lâcher plus de 2 % d’augmentation lors de la fixation du minimum des salaires des cadres. Celle-ci donne le ton pour l’ensemble des négociations annuelles obligatoires à venir dans les entreprises de cette industrie.

Le résultat de cette négociation qui a vu l’UIMM obligée d’aller au-delà de l’inflation et de l’augmentation du plafond de la sécurité sociale doit certes à l’unité syndicale et à la belle bataille de la CGT mais surtout à l’impact du climat social résultant du mouvement des gilets jaunes.

Emmanuel Macron cherche à récupérer de la confiance en se plaçant dans la dynamique du mouvement avec son grand débat pour y apporter ses propres réponses. Le syndicalisme a quant à lui tout intérêt à pousser les revendications des salariés en obligeant le patronat à prendre ses responsabilités.

La non-obtention de résultats concrets d’amélioration de la vie au travail a décrédibilisé le syndicalisme et plus encore la gauche qui a déserté le terrain de l’entreprise en renonçant à toute proposition ou mesure opérante remettant en cause l’exploitation à sa source c’est-à-dire dès le lieu et l’acte de travail.

Plutôt que se contenter de dénonciations pleureuses ou de propositions macro-économiques hors-sol, celle-ci a l’occasion de se régénérer en nourrissant le débat et l’action pas seulement dans les lieux de vie ou sur la toile numérique mais aussi dans les lieux de travail pour redonner l’espoir aux travailleurs citoyens dont la vie ne se découpe pas.

Les attentes de lien social tant sur les ronds-points que sur les lieux de travail sont énormes face au néolibéralisme qui précarise, exclue, tue, détruit les liens humains. Elles sont un ressort de mobilisation.

Le sens du travail, l’impact écologique de toute production de biens ou de services, l’impact social et humain de toutes non-reconnaissance salariale de la qualification, de tout choix de fonctionnement de l’entreprise, la manière dont s’introduisent et s’utilisent les technologies, le numérique… font partie du combat syndical et en même temps le dépassent. Tout ceci est propice à une politisation de l’espace de travail et de l’entreprise sans lequel le travail et le hors-travail ne pourront se réconcilier.

 

Billet 5 du 25/01/2019

Mis en ligne le 27 janvier 2019