Démocratie d’intervention

En dehors du grand débat côté « on », le « off » a donné lieu à de multiples initiatives où s’exprime la soif à dire son mot et où s’exerce un regain de politisation.

Les axes majeurs qui ressortent nationalement sont sans équivoque justice fiscale, pouvoir d’achat, service public. Amené à passer de la communication propagande tous azimuts au grand débat, le président Macron et son gouvernement vont maintenant se livrer un exercice coutumier dans les entreprises : comment tenir compte de ce qui s’exprime sans le prendre en compte.

Tout ceci révèle le manque de maturité dans laquelle évoluent les forces politiques au regard de la démocratie. L’élévation des connaissances et des savoirs est aujourd’hui telle que les pratiques d’hier montrent leurs limites. L’évocation de la forme référendaire en dit long sur les défiances qui s’expriment.

La démocratie représentative où les représentants ne rendent pas compte, la démocratie participative où on participe à tout sauf aux décisions essentielles, laissent place à l’autocratie, à l’autoritarisme ou pousse à s’abandonner à un leader.

La démocratie ne peut être que d’intervention sauf à se tirer une balle dans le pied. Cette démocratie d’intervention où les personnes elles-mêmes sont parties prenantes tout au long du processus d’élaboration et de décision est exigeante.

Elle est dynamisée lorsque la révolution numérique développe le pouvoir d’agir des personnes. La preuve par les pétitions numériques géantes contre la loi travail ou contre le réchauffement climatique ; la preuve par l’utilisation des communications transversales permises par les réseaux sociaux (révolutions arabes, mouvement actuel en Algérie, gilets jaunes en France) ; la preuve par toutes les initiatives et innovations solidaires et citoyennes qui transforment notre société en profondeur dans un sens de progrès dans tous les domaines : économique, social, écologique.

Couper les réseaux numériques, censurer, réprimer les actions de terrain sont pour l’instant la seule réponse des dirigeants, à mille lieues des attentes de dépassement des formes d’organisation obsolètes qui nous régissent.

Face à l’incapacité du capitalisme à offrir un avenir à la démocratie, la construction d’une alternative appelle un débat–action permanent où la démocratie d’intervention sera la meilleure garante des contenus transformateurs. Les forces syndicales et politiques ont là matière à organisation.

Jean-François Bolzinger – 21 mars 2019 – Billet 7

Mis en ligne le 25 mars 2019